Méandre de verdure [ Libre ]

Une douceâtre odeur qui doucement, devenait de plus en plus présente. Une odeur épicée qui s’insinuait entre les centaines de troncs, entre les épais feuillages et la mousse qui parsemait le sol. Une odeur corsée et relevée qui fit frémir les narines de la silhouette blonde qui ne releva pourtant pas la tête. Mieux, le Vampire blond ferma les yeux et inspira à fond, se délectant de cette odeur qui avait bercé toute sa jeunesse, humant avec délice les ce mélange de sang, de mystère et d’aventure. Ca lui manquait tellement, cette odeur, ce mode de vie et cette sauvagerie. Frémissant, le jeune blond releva brusquement la tête et l’arrière de son crâne percuta le tronc auquel il était adossé. Il ferma plus fort les paupières et arrêta de respirer, de manière à se couper du monde. Il ne devait pas avoir ces pensées. Il faisait désormais partit des Végétariens et il ne pouvait se permettre d’envier la vie des Vampire Sauvages. Ses poings se fermaient convulsivement, se serrant à faire blanchir leurs jointures. Le Vampire blond laissa passer quelques longues secondes avant de se détendre et de rouvrir les paupières comme les poings. Ses longs doigts fins s’étirèrent et vinrent effleurer la rugueuse écorce du tronc auquel il était adossé. Se redressant, relevant la tête, dans une attitude typiquement féline, il inspira à nouveau à petite dose, comme un chat qui boit à petite goulées de l’eau. Sauf que l’odeur qu’il sentait, s’apparentait plus à du lait qu’à de l’eau pour un chat. Un peu comme une drogue. Tournant doucement la tête vers la source de l’odeur, le Vampire aux yeux bleus ( chose relativement étrange ) crut capter un mouvement.

Un fin sourire froid et sans sentiment étira ses lèvres, l’autre Vampire avait choisit une bonne cachette. Dissimulé par l’ombre, il était donc difficile à cerner et à situer pour le fin Vampire blond. S’étirant nochalement, relevant les mains bien au-dessus de sa tête et allant même jusqu’à bailler tranquillement, le Vampire traversa la petite clairière d’un pas vif et souple, rapide. Il allait s’enfoncer dans les arbres sans plus s’occuper de l’autre Vampire quand finalement il s’arrêta. Immobile, comme une statue, le seul mouvement dans sa silhouette était le doux mouvement de son tee-shirt gris qu’il portait avec un jean et ses converses grises. Le tissu ondulait sous la brise matinale et semblait doué d’une vie qui lui était propre. Une pensée venait de traverser l’esprit de Gatien. Un nouveau sourire s’étira sur ses lèvres, dévoilant des dents blanches et parfaites, plus froid et plus dur. Il avait dit s’ennuyer ? On lui offrait une distraction. Et bien qu’il sache qu’il n’irait pas chercher le combat car il ne voulait pas de représailles de la part du Comte, il pouvait toujours se documenter un peu, s’informer non ? Voir si finalement, le fait de retourner sa veste ne lui serrait pas profitable. S’il n’avait pas plus de chance du côté des Sauvages que du côté des Humains. Grimaçant à cette pensée, le jeune blond retrouva rapidement un visage impassible et lorsque sa voix s’éleva, elle était nonchalante et calme, mesurée, un peu froid et presque sans vie, désincarnée :

« Alors, allons nous jouez au chat et à la souris ou allons nous nous comporter comme deux Vampires raisonnables et discuter de tout et de rien ? »

Hum … Une bien jolie Vampire en somme. Une jolie Vampire qu’il n’avait jamais vu. Un petit sourire fin étira ses lèvres ; il s’en serait souvenue s’il avait déjà croisé la route de pareille personne. S’il est vrai que c’était ses cheveux que l’on remarquait en premier lieu tant ils étaient colorés et vifs, l’attention du Vampire blond fut plutôt capté par l’éclat bordeau de ses yeux. Son regard bleu glace, bleu acier, percuta celui, rouge sombre, pourpre, lie de vin et rubis de la Vampire. Le Vampire blond semblait captivé par cette couleur. Il se rappela doucement que même lorsqu’il se nourrissait de sang humain, il avait toujours gardé cette banale couleur azur. Et si cela en captivait certain, il trouvait cela idiot. Mais passons, pour le moment, il devait peut-être penser à d’autre chose qu’à l’assaut du regard de la Vampire non ? Parce qu’en effet, la Demoiselle aux cheveux roses semblait être plutôt agressive. Soupirant doucement, le Vampire blond se passa une main nonchalante dans les cheveux et continua d’observer la Vampire. Elle semblait forte et elle respirait la confiance en elle. Elle n’était certainement pas un petit sous-fifre mais plutôt dans le haut commandement. D’ailleurs, en parlant de haut commandement, ne serait-elle pas cette Vampire dont tout le monde parle en tant que chien chien de ce Vampire Sauvage Michael. En y réfléchissant bien, cela paraissait presque sûr, après tout, n’était elle pas aussi suffisante et excentrique que tout le monde le disait ? Gatien se décida alors à jouer un peu avec le feu. Après tout, après 350 ans d’existence, il pouvait bien se permettre un peu de distraction. Se penchant soudainement en avant, le jeune homme effleura la joue de la Vampire de ses longs doigts, un sourire froid et machiavélique sur les lèvres. Le geste fut fugace et presque imperceptible. Sitôt qu’il eut effleuré la peau douce et froide de la Vampire, le blond se redressa et se mit à parler d’une voix douce et froide, désincarnée.

« Mais dit moi, ce n’est qu’une bravade en l’air vu que ton maître te punirais si tu ne touchais qu’à un seul cheveux d’un Végétarien non ? Et puis, combien à tu de vie, à peine cinquante ans ? Si jeune et déjà tête brûlée. Si jeune et déjà si déraisonnable. Tu devrais te méfier petite … »

Le blond avait conscience de jouer avec le feu. Il prenait des risques. Si jamais il se révélait que la Demoiselle était plus âgée que lui et donc plus forte, il passerait un sale quart d’heure. A l’inverse, s’il avait vu juste et qu’il était plus vieux que la Demoiselle, c’est plutôt lui qui allait s’amuser. Alors, maintenant, comme disent les anglais ; « Wait & See ». Et adviendra que pourra. Un petit sourire froid sur les lèvres, le Vampire blond se délecta de la vision de la Vampire. Il fallait bien l’avouer, on pouvait comprendre aisément pourquoi Michael avait prit la femme sous son aile. Elle était vraiment jolie, très attirante au final. Et sauvage en plus, ce qui ne faisait qu’attirer encore plus Gatien.

Gatien n’était pas bête, il avait bien vu que la Demoiselle l’observait mais il n’en avait cure. Son apparence ? Qu’importe, si elle pouvait servir à quelque chose tant mieux sinon, tant pis, il ferait sans. Il n’avait pas de vanité de ce côté ci. Mais passons, le jeune Vampire sourit lorsqu’il vit que la Demoiselle avait eut un mouvement de recul. Cela prouvait bien qu’elle avait ce petit côté Sauvage très attirant au demeurant. Lorsqu’elle dévoila ses canines, il l’imita, dévoilant lui aussi de superbes canines, histoire de montrer qu’il ne la craignait nullement. Gatien ne daigna pas ciller sous son regard hautain et suffisant. Mieux, il lui retourna la pareille. La toisant de bas en haut, il profita des quelques centimètres qu’il avait de plus qu’elle pour la prendre de haut. Mais le cœur n’y était pas vraiment. Relevant le regard, il quitta la charmante silhouette de la Demoiselle pour observer le ciel bleu. La voix si particulière de la Demoiselle le fit néanmoins revenir sur terre. Clignant des yeux, il écouta avec attention et ne broncha pas lorsque la Demoiselle se retrouva derrière lui, à murmurer à son oreille. Frémissant sous la caresse de son souffle, il resta néanmoins immobile, à sourire doucement. Le Vampire blond releva un sourcil sous ses paroles. Alors comme ça elle avait cent ans ? Hum … Petit jeune insouciante. Néanmoins ses paroles l’avaient amusé. Virevoltant sur ses appuis pour se retrouver face à elle, à quelques millimètres d’elle, il plongea ses yeux de glace dans ceux de la Demoiselle et inspira lentement, se délectant de l’odeur de la Damoiselle aux cheveux excentriques. Prenant son temps pour répondre, Gatien finit par répondre, avec lenteur, d’une voix douce, posée et calme. Mesurée. Un sourire froid et fin, dur, étirant ses lèvres.

« Si l’on veut jouer avec les mots, tout dépend de qu’elle manière tu désire me toucher. Enfin passons … »

Reculant de quelques pas, le Vampire se mit à faire le tour de la clairière de son pas souple et félin. Son cerveau s’envolait déjà vers quelques souvenirs peu catholiques qu’il fit disparaître d’un clignement de paupière. Ce n’était ni le moment ni le lieu pour penser à ses rencontres d’un soir. Passons à nouveau. Relevant la tête, le Vampire blond soupira d’un air plus que las avant de revenir vers la Vampire. A son tour d’être dans son dos, de murmurer à son oreille. D’un air taquin et mi-figue, mi-raisin, le Vampire blond se mit à susurrer à l’oreille de la Demoiselle, s’amusant de sa colère et de sa haine alors que lui maîtrisait ses émotions sans soucis. Bien qu’il lui faille avouer que face à pareille dangereuse beauté, il devait raffermir sa prise sur son esprit. Sa voix s’éleva, doucereuse.

« Au faite, excuse-moi. Cent ans ! Quant au fait que tu me réduises en miette, je demande à voir. Mais quelque chose m’étonne. A vrai dire, cela m’étonne qu’une Demoiselle telle que toi se plie aux ordres d’un autre Vampire. Aurais-tu peur de lui ? Peur de ses représailles ? Hum … Etonnant qu’une petite Diablesse comme toi se plie aux règles. Comme quoi, la vie est remplie de surprise. »

S’éloignant doucement, le jeune Vampire ne posa plus un regard sur la Demoiselle. Au final, peut-être c’était il trompé. Peut-être que l’attirance que produisait les Sauvage sur lui n’était qu’un trompe l’œil, un artifice ? Peut-être n’étaient-ils pas si attirants que cela au final. Car au final ils étaient comme tous les autres ; ils en étaient réduits à obéir à un autre Vampire. En soupirant, le blond ramassa un petit caillou qu’il serra dans son poing à s’en faire blanchir les jointures. Dans le silence ambiant, le crac sonore que produisit le caillou lorsqu’il se fendit puis sa casse résonna fortement. Rouvrant son poing, Gatien laissa choir à terre quelques petits bouts de caillou. Lentement, il se retourna pour fixer l’autre Vampire Sauvage et attendit sa réponse, impassible et immobile tel une statue de pierre.

Sa proposition à demi cachée, sous entendue la dérangeait-elle ? Un petit sourire froid et dur étira les fines lèvres pâles du Vampire qui observa, qui scruta avec curiosité la Demoiselle dont il ignorait encore le nom. Elle venait de feuler telle une panthère et a vrai dire, le Vampire blond à l’apparence si jeune ne put s’empêcher de sourire davantage. En effet, on aurait presque dit une panthère souple, agile et sensuelle. Secouant à nouveau sa tête aux traits si angélique, le Vampire eut un rictus de contrariété et il gronda doucement. Pourquoi diable n’arrêtait il pas de penser à ça ? Il devait s’arrêter et vite. Après tout, c’était une Sauvage et il était un Végétarien. Contre son grès peut-être mais Végétarien tout de même. Et bientôt, dans la bataille, il se bâterait contre elle. Mais à vrai dire, n’est-ce pas cela qui était excitant et attirant ? Lui qui avait toujours aimé dépasser les limites et contourner les règles, il se sentait bien trop proche de la Demoiselle aux cheveux roses et violet sombre. Reprenant ses esprits, le blond sourit en entendant la Demoiselle inspirer profondément. Peut-être après tout y avait-il une chance pour que ce qu’il ressente soit réciproque. Ce serrait tellement plaisant et ça égayerai quelques peu son quotidien. Il en était à profiter de la présence de la Demoiselle si proche de lui, debout au beau milieu de la clairière, lorsque la voix de la jeune Vampire s’éleva. Gatien ne daigna pas bouger, restant impassible à ses paroles et écouta tout jusqu’au bout. Lorsque la voix de la Demoiselle se fut éteinte, le blond s’écarta doucement, reculant de quelques pas avant de se retourner pour la fixer. Il fut légèrement surprit lorsque la Demoiselle s’approcha rapidement de lui et lui décocha un sourire plus que désarment. Frémissant doucement, le Vampire blond faillit effleurer à nouveau la joue de la Demoiselle mais il se retient à temps. Au lieu de cela, il lui répondit d’une voix enjouée et quelque peu ironique. Jusqu’où irait le petit jeu auquel ils se livraient ?

« Alors au final, on se ressemble plus qu’on aurait pu le croire. Toi aussi tu es quelqu’un d’intéressé non ? Tout du moins, tu sais où se trouve tes intérêts. Mais passons … Cependant, quelque chose que tu as dit m’intéresse ; comme quoi tu serais prête à lui désobéir. Mais dit moi, jusqu’où serais tu prêt à aller hum ? »

Un petit sourire froid étira ses lèvres comme d’ordinaire. Mais la différence avec les sourires précédents celui-ci était un peu plus vrai, avec un peu plus de sentiments. Ses lèvres se retroussèrent pour laisser entrapercevoir des dents impeccablement blanches, dévoilant aussi des canines bien acérées. Chose qui changea beaucoup aussi, se fut que ses dans ses yeux bleus glace, il s’alluma deux petites étincelles avant que Gatien cligne des yeux et repose son regard sur le visage étonnant de la Demoiselle, cherchant les yeux d’un bordeau subtile de la Vampirette. Gatien savait parfaitement qu’il jouait là un jeu très dangereux. Il ne fallait pas qu’il s’attache trop à la Demoiselle. Dès quelques jours, s’il se retrouvait entichée d’une Demoiselle de l’autre camp, ce ne serait pas très intelligent non ? Comme pour se conforter dans ses pensées, le blond se dégagea de l’aura de la Demoiselle et se recula brusquement de quelques pas. Il n’aimait pas se voir ainsi. Le fait de se laisser dominer par son secret, ce n’est pas lui ça. Serrant convulsivement les poings, le blond se détourna de la Demoiselle et sembla se complaire dans l’admiration du ciel d’un bleu sotuenu.

( Arf pas génial je blablate n'importe quoi >_____<. Je m'embrouille et ça fait caca ... )

Déçu ? Pas vraiment. En tout cas, il ne l’aurait pas, il ne l’aurait jamais avoué. Bien sûr que non, il n’aurait pas sciemment avoué qu’il venait de voir un étrange espoir piétiné et réduit en cendre. Qu’il venait de voir une petite flamme s’éteindre sous une douche froide et voir même glacée. Pourtant, s’il avait dû être vraiment honnête avec lui-même, il aurait avoué que le feulement plus qu’hostile de la Vampire lui avait fait mal. Encore plus peut-être que ses paroles. Encore plus que ce venin qu’elle lui cracha à la figure. Pourtant, il resta impassible. Après 350 ans passées à contrôler et à cacher ses sentiments, il savait qu’il pouvait se faire confiance, il ne se trahirait pas comme ça. Il se contenta alors de rester impassible et silencieux, tel une statue, sous les paroles de la Vampire. Lorsqu’elle se tut une première fois, il ne lui tourna pas le dos mais il s’éloigna encore, allant s’adosser à un tronc et allant même s’asseoir en tailleur. Tranquillement, le Vampire blond laissa aller sa tête contre le tronc rugueux et il ferma même les yeux quelques secondes sans que la Vampire le voit. Puis, rouvrant les paupières, le blond se contenta de fixer son regard dans le vide, perdant pendant quelques secondes le fil de son rôle. Quand enfin il revint à la réalité, il inspira un grand coup et reprit contenance. Son visage redevint blanc comme la neige, ses yeux s’éteignirent à nouveau, ses lèvres se détendirent et enfin, il desserra ses poings. Alors comme ça, il était pathétique ? Aïe, ça fait mal mais bon, au moins c’est clair non ? Et puis, pourquoi diable cela-t-il le touchait autant ? Il ne connaissait cette Vampire que depuis quelques minutes et voilà que son cœur se mettait à battre plus vite lorsqu’il posait ses yeux sur elle. Non, ce n’était vraiment pas bien. Il ne fallait pas. Ce n’était pas bien.

Le Vampire blond décida de passer outre. Relevant le regard, il croisa la silhouette de la Demoiselle. Alors comme ça il n’était qu’un misérable Végétarien ? Il était pathétique ? Gatien manipula ses sentiments de manière à ce que son chagrin devienne de la colère. Une nouvelle flamme s’alluma dans ses yeux, mais bien différente de la dernière. Une flamme mauvaise et dangereuse. L’iris de ses yeux devint d’un bleu pratiquement noir, se confondant presque avec sa pupille qui se rétracta, preuve de sa colère. A nouveau, ses poings se resserrèrent. Ce petit passage de colère dura quelques secondes puis, soudainement, le Vampire blond redevint aussi impassible qu’avant sa rencontre avec la Vampire. Il n’aimait pas ce qu’elle avait fait naître en lui. Lui d’ordinaire si calme et si mesuré se trouvait si chamboulé à cause d’une femme ! Il n’y aurait jamais crut. Alors il se contrôla et redevint lui-même. Relevant un regard à nouveau limpide, neutre et sans émotion sur la Vampire aux cheveux roses, il lui répondit d’une voix neutre, froide et dure, semblable à sa voix d’ordinaire.

« Alors comme ça je ne suis qu’un misérable Végétarien. Qu’elle présomption. Tu pense pouvoir dire cela alors que cela ne fait que quelques minutes que tu me connais ? Qui te dit que je ne voulais pas intégrer la Meute des Sauvage ? Qui te dit que je ne suis pas aussi dangereux que toi ? Quant à être Pathétique, tout es question de point de vue. En ce moment, dans mon estime, sache que tu n’es guère haute. »

( Halala, que de misère pour sa première rencontre =D. Gatien va être malheureux comme tout après ; j’vais bien m’amuser ! )

Impassible, savoir rester impassible, ne pas répondre aux provocations de la Vampire, essayer de se la sortir de la tête et tout ira bien. Voilà rapidement ce à quoi penser le Vampire blond, assis, adossé à un tronc centenaire. Le dos bien droit, l’arrière de la tête reposant contre l’écorce, il tenter de rester impassible. Ce qui n’était pas vraiment chose facile vu que la Vampire aux cheveux roses était des plus perturbantes. Mais qu’importe, Gatien se reprit rapidement et enferma les sentiments, qui bouillonnaient à l’intérieur de lui, dans un coffre fort qu’il ferma à double tour. Ayant reprit son impassibilité, il remercia silencieusement la Vampire Rousse qui lui avait apprit à cacher ainsi se qu’il ressentait. Voilà pourquoi, lorsque ses yeux bleus accrochèrent les rouges de la Vampire, Gatien refusa de voir autre chose que de la haine, de la pitié et de la colère. Voilà pourquoi, lorsque la Vampire aux cheveux roses quitta sa branche pour atterrir tout en légèreté et en grâce par terre, le Vampire ne broncha pas. Voilà pourquoi, il ne détourna pas le regard lorsqu’elle lui jeta à la tête ses paroles comme du venin. Voilà encore pourquoi il ne bougea pas non plus lorsqu’elle se rapprocha soudainement de lui d’un seul bond pour lui feuler méchamment à la figure. Seul preuve de son instabilité, ses yeux. Ses yeux bleu glace qui scrutaient avidement le visage de la Demoiselle, glissant sur le profil de sa joue, sur la courbe de ses lèvres, avant de revenir à ses yeux, se reprenant. Il aurait certes pu voir autre chose que de la colère dans le regard de la Vampire mais il s’y refusa. Il ne voulait pas avoir de faux espoirs. Peut-être que dans d’autres circonstances et dans un autre contexte, ils auraient pu se rapprocher. Mais là, le Vampire blond n’y croyait plus. Après tout, la Vampire aux cheveux roses ne lui avait elle pas fait clairement comprendre qu’ils n’étaient pas du même bord ? Lui un pauvre petit Végétarien et elle une puissante Sauvage ? Lui qui avait d’ordinaire un ego si grand, pourquoi n’était il pas en colère ? Pourquoi Diable ne ressentait il qu’un immense chagrin qui sembler s’être logé au creux de son ventre ? Une petite brise le fit sortir de ses pensées. Gatien releva la tête pour scruter la Vampire et il se décida enfin à lui répondre, cela faisait trop longtemps qu’elle avait finit de parler. Et cela faisait trop longtemps qu’il laissait durer le silence. Sa voix s’éleva alors, dure et inflexible, comme s’il n’y avait plus aucun espoir, comme s’il ne croyait plus à sa chance ;

« Tellement bas ? On verra ce que diront tes amis lorsque je les réduirais en bouillie le jour de la Bataille. On verra ce que tu diras lorsque tu te retrouveras esseulée et terrifiée. Quant à ta place dans mon estime et dans celle des autres, je dois dire que cela m’intrigue. Cela m’étonne que tu ne te rebelle pas. Ce que pense les autres t’indiffère à ce point ? Tu ne te fais même pas respecter ? Et après c’est moi qui suis Pathétique … »

Ses dernières paroles avaient étaient prononcées à vois basse, dans un murmure. Comme si Gatien se parlait à lui-même, comme s’il réfléchissait tout haut. L’espace d’un instant, il oublia où il se trouvait et il se rappela combien i lavait dû se battre pour se faire respecter, combien il avait dû distribuer des baffes et des claques pour se faire une place dans ce monde. Ce qui était sûr, c’est que le monde des Vampires n’étaient pas fait pour les faibles. Les végétariens comme les Sauvages. Dans ces deux mondes, régnait la loi du plus fort. Relevant soudainement la tête, il prit conscience que la Demoiselle était décidément bien proches de lui puisque leur visage n’était qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Ne pouvant pas reculer sans déraciner l’arbre, le Vampire blond se contenta de fixer les yeux de la Demoiselle d’un regard morne et froid. Glacial et distant. Au fond des yeux de sang de la Vampire, il crut bien discerner autre chose que de la colère mais il ne pouvait pas y croire. Se faire de faux espoirs n’était pas vraiment la meilleure des solutions. Et même s’il savait que ce visage angélique et sauvage allait le ronger pendant quelques jours, il eut l’espoir utopique de pouvoir un jour l’oublier. Une petite voix au fond de lui, lui répétait qu’il n’aurait pas de repos tant qu’il n’aurait pas à nouveau effleure la joue de la Demoiselle mais il ne l’écouta pas. Il ne pouvait pas. Pour se changer les idées, il se concentra sur un autre besoin ; il avait faim. D’ailleurs, dans ses yeux, brillait de petites taches noires, preuve de sa soif. Se redressant bousculant légèrement au passage la Vampire, il s’adressa de nouveau à elle d’un ton plus colérique et moins maîtrisé qu’il ne l’aurait voulu. Néanmoins, sa voix était terriblement ironique.

« Cela dit en passant j’étais ici pour chasser. Tu sais, histoire de ne pas croquer ceux que je protège ?! Etant nouveau ici, je n’ais pas encore fait le tour de la forêt. Pourrais-tu m’indiquer là où il y a les plus grosses proies ? Histoire que je me restaure plus vite et que je m’éloigne le plus possible des Dangereux Vampire Sauvages. Je ne sais pas si tu le vois mais je tremble déjà à l’idée d’en rencontrer un. Après tout, je ne suis qu’un faible petit Vampire Végétarien non ? »

Musique

Déçu. Gatien était déçu. Mais qu’aurait il voulu après tout ? Que la Demoiselle le rassure, qu’il n’était pas qu’un misérable Vampire ? Peut-être bien que oui. Oui, il était difficile de le nier, le Vampire blond aurait aimé qu’il n’y ait pas entre eux ce gouffre des clans. Que l’imminence de la bataille ne soit pas un prétexte pour s’éloigner mais au contraire pour se rapprocher. Mais c’était impossible après tout. Un peu à la Roméo et Juliette sauf qu’il savait là que ce ne serait pas sa famille qui le traquerait mais son Clan. Car il savait parfaitement que ce serait lui qui changerait pour la Demoiselle. En tout cas c’est ce qu’il pensait. Il ne pensait pas qu’elle puisse devenir Végétarienne par amour pour quelqu’un. Amour ? Qui a parlé d’amour ? Lui ? Mais c’set qu’il devient fou noter bonhomme. « Allons arrête de penser à cela, c’est mal. Tu ne dois pas. Reprends ton bon Sang ! » Gatien eut un faible sourire, il pouvait entendre les paroles que lui avait jeté la Vampire rousse au visage comme si c’était hier. Pourtant, elle l’avait sermonné sur la dangerosité de ses sentiments il y a plus de 200 ans. Alors pourquoi n’avait il pas comprit la leçon ? Pourquoi Diable ne pouvait il pas se sortir de la tête l’image de la Vampire aux cheveux roses en train de sourire. Pourquoi se sentait-il défaillir quand il repensait à son souffle sur sa nuque ? Stop ! On arrête tout ! Ce n’était vraiment pas le moment de faire dans le Romantisme là ! Il fut bien content que la Demoiselle lui réponde, cela lui fit reprendre pied sur terre. En écoutant avec attention les paroles de la jeune Vampire, il ne pouvait s’empêcher d’être déstabilisé par la promiscuité de leur position et lorsqu’elle parlait, il frémissait sous le souffle de la Demoiselle. Vraiment, il n’était pas dans une position confortable. Il fut donc rassuré lorsque, ayant finit de parler et après qu’il l’eut un peu bousculé, la Vampire s’éloigna d’un bond, atterrissant au milieu de la clairière, tirant un léger sourire à Gatien. Même après 350 ans de vie, il ne pouvait s’empêcher d’admirer les capacités exceptionnelles dont on avait doté les Vampires. Sublime corps, sublimes et ultimes prédateurs aussi. Dangereux, mortellement dangereux. Les yeux toujours rivés sur la Demoiselle aux cheveux roses, Gatien avait bien vu qu’elle avait frémit au mot chasse. Aurait elle aussi faim que lui ? Une idée germa dans sa tête. Idée qu’il repoussa rapidement. Lui proposer une partie de chasse était impossible. Il oubliait un peu trop vite qu’ils étaient différents. Cette évidence s’inscrivit en lettre de feu dans son crâne et il soupira doucement. Il fit néanmoins quelques pas pour sortir de la lisière des arbres et il se retrouva donc à quelques mètres seulement de la Vampire dont il ignorait toujours le nom. Redressant la tête, il la scruta, la toisa de bas en haut. Qu’avait-elle de plus que les autres pour lui faire chavirer ainsi la tête et le cœur ? Il ne savait pas. Il n’arrivait pas à comprendre. Prit d’un soudain besoin irrépressible de bouger, le Vampire blond traversa le temps d’une respiration la clairière, passant à pleine vitesse à côté de la Demoiselle et lui jetant au passage un regard ironique. D’un bond, il gagna une branche haute d’un arbre où il s’installa confortablement. Le vent faisait doucement bruire les feuillages, produisant un doux murmure. Gatien s’interrogea, n’y avait il que les Vampires Végétariens pour apprécier ce bruit ? Les Sauvages pouvaient ils comprendre à quel point la nature pouvait-elle être belle et douce ? Chaleureuse et accueillante ?

Passons, là n’était pas vraiment la question. Alors qu’il s’amusait à passer de branche en branche, n’en pouvant plus de rester immobile, le jeune blond réfléchissait aux paroles de la Vampire. Il enregistra machinalement qu’il y avait des proies vers l’Est et le Sud. Mais c’était secondaire, pas vraiment important. Il n’avait put s’empêcher de rigoler lorsqu’elle lui avait dit qu’il se surestimait peut-être un peu. Elle avait peut-être raison mais Gatien était sûr de sa force et de son agilité, sûr qu’elle se trompait. Simple question de point de vue. Quant au fait qu’elle se fasse respecter, il n’en avait aucun doute. Avec le caractère qu’elle avait et la force qu’elle semblait détenir, elle semblait bien à même de se protéger seule et de rabattre le caquet des autres. Un point de son discours le gênait pourtant. « Seulement il faudrait déjà que tu aies envie de me réduire en miette ». Les paroles de la Vampire tournoyait dans sa tête et le blond s’immobilisa, debout sur une branche, un triste sourire étirant ses lèvres. Il savait pertinemment que le Demoiselle avait raison et cela lui posait problème. Néanmoins, il préféra garder cette réflexion pour lui. Il aurait bien le temps de changer avant la Bataille. Un plus grand sourire étira ses lèvres et, exécutant un parfait saut périlleux en arrière ( un salto en somme ), le blond se retourna dès qu’il eut touché terre pour se retrouver face à la Vampire. Un sourire étincelant désormais brillant sur ses lèvres, il lui dit doucement, d’une voix dure et froide et pourtant, avec quelques accents de douceur. De la douceur ? Mon dieu qu’il changeait ce bonhomme ?

« Qui a dit que je voulais te réduire en miette ? Réduire les autres en poussière peut-être mais toi sûrement pas ... »

Virevoltant sur ses appuis, il fit rapidement demi-tour sans plus d'explications, pour s’avancer d’un pas, plutôt lent du point de vue d’un Vampire mais rapide du point de vu d’un humain, vers la lisière de la forêt. Marchant d’une manière déterminée avec une moue plus que décidée sur le visage, il stoppa net en atteignant les premiers arbres. Se retournant à nouveau d’une manière gracieuse et légère, il fixa sur la Demoiselle un regard attentif et acéré mais peut-être bien plus doux qu’à l’ordinaire. Et lorsqu’il parla, ne pouvait on pas distinguer dans sa voix une sorte de joie ? Plutôt incongrue en un tel lieu mais après tout, qui a dit que les Vampires étaient normaux ? Et a vrai dire, il se sentait empli d’une étrange joie qui le faisait presque sautiller de joie. Pourtant, sur son visage, nulle trace de joie, seul son regard pouvait l’exprimer. Le reste de son corps était immobile, tendu comme à l’ordinaire comme la corde d’un arc, prêt à se détendre et à décocher une flèche. Lorsque sa voix s’éleva donc, elle était à la fois dure, glaciale, un peu joyeuse et ironique. Un étrange mélange en somme ;

« Et si je décidais de rester finalement ? Si je décidais que ce n’était pas une bonne initiative ? Que vas-tu faire ? Tu va peut-être me réduire en poussière ? Et tu crois, comment dit on ? Que je vais te laisser faire de mon plein grès ? »

Aurait-elle, elle aussi, du mal à gérer ses émotions ? C’était rassurant mais pas totalement satisfaisant. Satisfaisant parce que cela voulait dire qu’elle aussi devait éprouver quelque chose. Et cela fit bondir le cœur de Gatien dans sa poitrine. Qu’il provoque chez la Demoiselle Amour ou Colère, au moins, elle n’était pas indifférente. Et cela rassura grandement le Vampire blond qui se retint de pousser un soupire de soulagement. Pas totalement satisfaisant parce que s’il voyait bien qu’il n’était pas le seul à ne pas se contrôler, ce n’était pas une raison pour stopper tout contrôle. Il fallait se maintenir et cesser de penser à tout ce qui pourrait le déstabiliser encore plus, notamment, cesser de pensée à la jeune Vampire qui n’était pas loin. Ce qui n’était guère simple vu qu’elle lui faisait face et qu’elle s’avançait vers lui. Tentant vainement d’oublier un instant la Vampire, il repensa à ses précédentes paroles. Elle avait raison. Totalement raison, il n’aurait pas du faire de différence entre les autres Sauvages et elle. Et pourtant, il lui était impossible de penser qu’il devrait un jour la tuer. Sans vraiment savoir pourquoi, il savait que cela lui ferrait trop de mal, bien trop de mal. Et pourtant, il lui était impossible de la considérer vraiment comme une ennemie. Pendants une fraction de seconde, le Vampire blond ferma les yeux et soupira discrètement. Ce n’était pas bon. Il allait avoir de sérieux ennuis. Et pour évier ses ennuis il fallait qu’il trouve une solution pour se tirer de cette situation si précaire, qui prouver basculer à tout moment. Il était presque à la lisière de la forêt et un fol instant, il envisagea de s’enfuir au loin. De se perdre dans la forêt, loin de celle qui lui embrouillait ainsi les idées. Mais se faisant, il aurait tout aussi bien perdu la face et sa fierté. Car il n’aurait fait que fuir comme un lâche, donnant raison à la Vampire aux cheveux roses lorsqu’elle disait que les Végétarien étaient pathétiques. Alors Gatien resta impassible et immobile, se contrôlant comme il pouvait bien qu’à chaque nouveau pas de la Demoiselle, son cœur cogne plus fort dans sa poitrine. Un fin sourire froid et dur, implacable, étirait ses lèvres et il ne fit que s’accentuer lorsque la Demoiselle aux cheveux roses stoppa près de lui. Si près. Il aurait pu gémir tant son cœur battait la chamade mais il n’en fit rien, se contentant de se perdre avec délice dans les yeux bordeaux de la Vampire. A vrai dire, il s’était attendu à tout sauf à un contact ce qui fit qu’il ne put s’empêcher de tressaillir violement le temps d’un seconde lorsque la Demoiselle posa un doigt sur son torse. Le temps de se reprendre et de redevenir neutre, qu’elle avait délicatement penché sa tête pour lui murmurer quelques paroles à son oreille. Jeu dangereux. Très dangereux même. Alors comme ça elle voulait jouer ? Très bien. Le Vampire blond s’avança de quelques centimètres, se collant presque à la Vampire. Et avant que celle-ci ne recule, il passe son bras droit autour de sa taille et de l’autre, il lui effleura la joue avant de reculer sa tête pour lui faire face et fixer ces yeux rouges qui l’obsédaient presque. Sa voix s’éleva, n’étant qu’un murmure à peine audible et rempli d’une étrange émotion. En effet, sa voix n’était pas froide et dure, tranchante comme elle l’était d’ordinaire. Non, il y avait quelques accents de douceur. De douceur ? Oh my God, cette fille lui faisait vraiment tourner la tête.

« Tu trouve vraiment que je suis provocant ? Après tout, quand je décide de jouer à un jeu, j’y joue vraiment. Et sache que je gagne toujours … »

Relâchant son étreinte, le Vampire blond s’éloigna de quelques pas en arrière, un étrange sourire flottant sur ses lèvres. Son regard ne lâchait pas la silhouette de la Demoiselle du regard et à vrai dire, il attendait sa réaction. Virevoltant, il lâcha la Demoiselle du regard pour faire demi tour, et prit, d’une subite envie, il s’enfonça à nouveau dans la forêt. Oh, il ne marcha pas bien longtemps, à peine quelques secondes avant de s’arrêter près d’un arbre auquel il s’adossa avant de fermer brusquement les yeux. S’il s’était éloigné, c’était pour deux raisons. Premièrement, il fallait bien l’avouer, pour voir si la Demoiselle allait le suivre pour l’engueuler ou pas. Et deuxièmement, pour reprendre ses esprits. Normalement, il ne se serrait jamais laissé allait à faire ce qu’il avait fait. Était-il fou ? Elle était non seulement une Sauvage mais en plus, et cela venait de lui revenir, la préférée de Michael. Le Comte allait le tuer. Il jouait avec le feu et il le savait. Mais c’était tellement plaisant et si agréable. Et puis, il n’était pas bête, il savait parfaitement que maintenant que la partie était commencée, il ne pouvait que la finir. Qu’importe la fin, il savait que de toute manière cette Demoiselle hanterait ses pensées bien plus longtemps qu’il ne voulait se l’avouer. Et ce, même si elle décidait là maintenant de s’en aller, de le planter ainsi. Bien entendu, il espérait qu’elle le suivrait, qu’elle resterait. Mais s’il l’avait outrée, choquée ou mise en colère, il ne pourrait pas la retenir. Il le savait et il l’acceptait. Cela le chagrinait juste qu’elle parte ainsi en se souvenant de lui comme d’un moins que rien tandis que lui n’aurait à l’esprit que sa beauté sauvage et son esprit. Sa présence qui l’avait tout de suite mystifié. Hum … L’amour était décidément bien difficile et compliqué. Gardant les yeux fermés et cessant de respirer pour ne capter aucunes odeurs, le Vampire blond chuchota doucement, comme s’il parlait au vent. A vrai dire ses paroles pouvaient être adressées à la Vampire si elle était près de lui. C’était un peu pour répondre aux premières paroles de la Demoiselle. Et si jamais elle ne l’avait pas suivit, s’il parlait tout seul, qu’elle importance, personne n’était là pour le voir.

« Je ne sais pas … Après tout c’est vrai, elle n’est pas comme moi et pourtant … »

Avait-il rêvé ? Avait-il rêvé de ce ton si doux avec lequel la Vampire lui avait parlé ? Avait-il rêvé que son corps se rapprochait dangereusement du sien ? Alors qu’il était toujours adossé à l’arbre, le Vampire blond qui avait conservé les yeux fermés réfléchissait. Tout allait trop vite, bien trop vite. Pourtant, s’il se fiait à ce qu’il avait entendu, au ton qu’avait employé la Vampire, il ne pouvait nier qu’il existait quelque chose entre eux. Quelque chose de bien plus fort qu’il ne voulait bien le croire. Quelque chose qui allait leur apporter de gros ennuis mais aussi, il en était sûr, un immense bonheur. Après, comment cette chose si belle qui grandissait en lui pouvait elle produire quelque chose de négatif ? Comment l’Amour qui les liait, car il était forcé d’avouer qu’il y avait de l’amour entre eux, pouvait leur porter préjudice ? A ce moment là, bien qu’il en serait mort de déception, il aurait presque préféré que la Demoiselle passe son chemin. S’aurait était tellement plus simple pour elle comme pour lui. Mais qui a dit que l’amour est quelque chose de simple ? Se redressant, le jeune Vampire inspira à fond et sursauta. L’odeur si douce et si attirante de la Demoiselle venait d’emplir son cerveau, preuve qu’elle était dans les parages. Elle l’avait suivit ? Son cœur se mettant à battre la chamade, il cessa à nouveau de respirer pour se calmer. Il laissa passer quelques secondes, il ne voulait pas ouvrir les yeux, pas maintenant, il avait trop peur d’être déçu, trop peur de s’apercevoir qu’en faite, la Demoiselle était partit. Alors qu’il réfléchissait, pensant le pour et le contre pour ouvrir ou non les yeux, une voix qu’il reconnait déjà bien trop se fit entendre, avec quelques accents de douceur qui le fit frémir de la tête aux pieds. Alors que son cerveau en était encore à analyser les lettres, les mots et le sens des paroles de la Vampire, ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser tomber six mots. Dans sa voix, plus de colère mais simplement une infinie douceur inquiète de ce que leur réservait le Destin.

« Deux beaux imbéciles oui qu’ont est ! »

Ses paroles avaient fusés sans même qu’il y pense. Il avait juste répondu instinctivement. Après tout, il n’avait pas totalement tort, il savait parfaitement si cette aventure, si les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre revenait aux oreilles de leur chefs respectifs, ils ne ferraient pas long feu. Il savait pertinemment qu’ils allaient au devant de gros problèmes. Et pourtant, il s’aperçut qu’il n’en avait cure. Pour le moment, il voulait simplement rester près d’elle, pouvait la prendre dans ses bras pour de vrai et la serrer contre lui. S’enivrer de son odeur et se perdre dans ses yeux. Ouvrant doucement, précautionneusement ses paupières, le Vampire blond fixa celle qui avait fait céder toutes ses barrières, celle qui avait balayé d’un revers de la main tout ce qu’il était pour implanter en lui quelque chose de si étrange. De l’Amour ? Certainement. Soupirant doucement, le jeune Vampire fut plus qu’heureux de voir la Vampire juste devant lui. Relevant sa main gauche, il effleura du bout des doigts la courbe de sa joue gauche, descendant le long de sa mâchoire puis de sa gorge pour s’arrêter sur sa clavicule. Frémissant au contact de la douce peau glacée de la Vampire aux cheveux roses, il se redressa, cessant de s’appuyer sur le tronc de l’arbre pour surplomber la jeune Demoiselle des quelques centimètres qu’il avait de plus qu’elle. Inspirant avec délectation l’odeur si particulière de la Vampire, il laissa passer un ou deux secondes avant d’ajouter d’une voix sourde et grave, emplie de douceur et d’inquiétude ;

« Ils vont nous tuer … »

Ce n’était pas une question mais plutôt une affirmation. C’était certain, le Comte et Michael allait se faire un plaisir de les tuer pour faire un exemple. Pour montrer qu’on ne devait pas pactiser avec l’ennemi. Mais sincèrement, comment voir en la jeune Demoiselle une ennemie ? Gatien soupira à nouveau, soudainement très mélancolique. C’était si compliqué. Et pourtant, il n’avait fait qu’effleure la Demoiselle du bout de ses doigts mais il était heureux. Le fait qu’elle soit près de lui le remplissait de joie. D’une étrange joie qui semblait lui donner des ailes. Stupide, stupide. Et pourtant, il était bien. Abaissant lentement la tête, il se perdit dans la contemplation de ces deux brasiers rouges qu’étaient les yeux de la belle. Il lui semblait qu’il allait s’y noyer et qu’il ne pourrait plus en sortir. Mais après tout, quelle belle mort. Ainsi, il mourrait heureux et aux côtés de celle qu’il aimait. Non vraiment, ce sentimentalisme ne lui ressemblait en rien et il lui semblait être un autre Vampire que celui qui était sortit de la ville quelques minutes plus tôt. Ou était-ce quelques heures plus tôt ? Il avait perdu la notion du temps et ne se souvenait plus vraiment de ce qu’il était venu faire là. Chasser ? Peut-être après tout mais il n’en était guère sûr.

Petite imbécile qui se rit du danger. Le Vampire blond aurait aimé qu’elle comprenne qu’il avait plus peur pour elle que pour lui-même. Il n’avait jamais envisagé cette possibilité mais mourir pour quelqu’un qu’on aime semble une bonne façon d’en finir avec cette bonne vieille terre. Mais il ne voulait en aucun cas que leur choix sonne aussi le glas de la vie de la Vampire. Elle était si jeune, si insouciante. Il fallait qu’elle vive ou la vie n’aurait plus aucun attrait pour Gatien. A vrai dire, à ce moment là, le Vampire blond aurait aimé convaincre la Vampire de fuit au loin. De s’en aller loin, de fuir l’horreur de la guerre et la violence qui allait avoir lieu ici. Un petit sourire froid et triste étira ses lèvres, il oubliait trop vite que la Demoiselle était elle aussi une Vampire. Et qu’elle était certainement à même de pouvoir se protéger si elle était la préférée de Michael. Il était de notoriété publique que ce Vampire là ne s’entourait pas de lâche et de faibles. Cela mit un peu de baume au cœur du Vampire qui soupira d’aise. Ne pourrait-il pas arriver à tout oublier le temps d’une heure à peine, histoire de pouvoir profiter pleinement de la présence si incroyable de la Demoiselle aux cheveux roses ? Cela serait se renier plus qu’il ne l’avait déjà fait. C’était son caractère, sa nature de voir toujours le plus mauvais côté des choses et d’être pessimiste. Et c’était dans sa nature de s’inquiéter pour ceux qui lui tenait à cœur. Bien que cela fasse presque 350 ans qu’il ne s’était plus inquiété autant pour quelqu’un. Et après tout, n’était ce pas ce côté pessimiste qui lui avait permit de vivre si longtemps ? Ce côté prudent et calculateur ? Si certainement. Et voilà qu’aujourd’hui cette nature froide et manipulatrice s’inquiétait pour la vie d’une autre qu’il venait à peine de rencontrer. Cela semblait presque irréel. Lui qui ne croyait pas à l’amour et encore moins au coup de foudre, il pouvait se mordre la langue maintenant car il avait sous les yeux la preuve formelle que ces deux belles choses existaient. Un doux sourire las et déjà chagriné apparut sur ses lèvres lorsque la Demoiselle sourit à son geste. Ils faisaient bien la paire tout les deux tiens ! Deux fous qui n’avaient rien trouvé de mieux que de tomber amoureux l’un de l’autre en plein période de guerre et qui plus est, chacun de son ennemie le plus proche. Pitoyable.

Pourtant, lorsque la Demoiselle aux cheveux roses sourit au mot « mort », le cœur de Gatien se serra doucement mais fermement, comme si une main de fer lui broyait cet organe vital. Il aurait tellement voulu lui dire que tout était si simple, qu’il n’y aurait pas de problème à leur amour, qu’ils allaient vivre heureux et qu’ils fonderaient eux aussi un clan qui sait ? Mais le problème dans l’affaire, c’est que Gatien le blond voyait plein d’obstacles à leur amour. Et cela le rendait encore plus triste. Pourtant, la joie de vivre, un peu incongrue en cet instants certes, mais bien présente, de la jeune Demoiselle, lui tira un grand sourire qui éclaira son visage et ses yeux d’une multitude de paillettes d’or. Se penchant sur la gorge de la Demoiselle, la Vampire blond y déposa un tendre baiser avant de se redresser et de se mettre à marcher d’un bon pas, s’enfonçant dans la forêt. Il ne fallait pas qu’un Vampire Végétarien qui vienne se restaurer les croise en chemin. Ils devaient être plus prudents. Un petit sourire sur le visage, le Vampire blond entraîna la Demoiselle à travers la frondaison pendant quelques secondes sans parler. Lorsqu’il jugea qu’ils étaient suffisamment loin et à l’abri, il se retourna et reprit la belle dans ses bras avant de lui répondre enfin. La Demoiselle allait devoir s’y faire, le Vampire blond prenait toujours son temps pour répondre, histoire d’être sûr de ce qu’il disait. Sauf bien entendu lorsque le moment demandait de la rapidité, là il réfléchissait rapidement. Mais là, ils avaient tout leur temps non ? Voilà pourquoi la voix qui s’éleva doucement dans l’air était toujours un peu froide et cassante ( que voulez vous, on ne change pas comme ça 350 ans de vie à peaufiner cet accent glacial et distant ) et pourtant tant remplie de tendresse que Gatien faillit ne pas reconnaître sa propre voix. Etrange comme un petit sentiment comme l’amour peut vous faire changer.

« Je pense pouvoir être un assez bon acteur. Après tout, jusqu’ici, il n’y a eut que toi qui réussisse à me déstabiliser autant, au point de ne plus pouvoir contrôler mes émotions. Mais j’ai peur qu’un jour ou l’autre, l’un de nous laisse échapper quelque chose, que quelqu’un nous surprenne ou autre. Nous ne pouvons pas être infaillibles. Et puis, comment pourrais-je faire comme si de rien n’était alors que tu vas hanter chacune de mes pensées sitôt que l’on se serra séparé ? »

Sur la fin, sa voix s’était faite douce et tendre. Son regard s’était éclairé et il avait largement sourit à la Demoiselle. Il venait de comprendre que malgré tout les risques, il ne pourrait pas vivre sans la Demoiselle. Il avait besoin d’elle. Besoin de ses sourires, de son regard et de sa tendresse. Et même s’il savait pertinemment que le Comte qui savait tout finirait par découvrir le pot aux roses, le jeu en valait la chandelle non ?